lundi 30 novembre 2009

Discours de Romuald Gillard lors de la Cérémonie de Remise des Diplômes de l'INSA



Le 27 Novembre 2009, Romuald Gillard, ex-insalien et membre du comité pour la libération de NGUYEn Tien Trung, a fait un discours à l'INSA de Rennes lors de la Cérémonie de Remise des Diplômes de la 38ème promotion (Promotion 2009) pour évoquer Trung devant les nouveaux diplômés et leur famille.

On ne doit pas oublier M. le Directeur, Alain Jigorel, l'organisateur de la Cérémonie, Olivier Durand, ainsi que Philippe d'avoir permis de rendre cette idée réalisable.

C'était un résultat remarquable puisque 232 personnes ont signé la pétition au cours de la cérémonie.

Voici le texte:


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Discours aux diplômés de la 38ème promotion de l’INSA de Rennes

Cérémonie de remise des diplômes – 28 nov. 2009

Romuald GILLARD

Mesdames et Messieurs les parents, Chers amis, devrais-je dire à présent chers collègues,

Permettez-moi d’évoquer quelques instants l’un de nos collègues, Tien Trung Nguyen, diplômé de l’INSA de Rennes en 2007. Je vous avouerai que j’ai été profondément choqué, lorsque bien au chaud derrière mon ordinateur, libre de mes mouvements, libre de quitter la pièce dans laquelle je me trouvais, j’ai appris que Trung avait été arrêté le 07 juillet 2009 au Vietnam, accusé de dissidence politique.

Depuis le 07 juillet 2009, depuis 5 longs mois, Trung est incarcéré pour avoir appelé, comme de nombreux intellectuels, à davantage de liberté au Vietnam et pour avoir voulu partager des valeurs telles que la liberté d’expression et la démocratie. Des valeurs auxquelles il a été confronté et qui l’ont séduit en France, ici même à l’INSA. Depuis le 07 juillet 2009, Trung n’a toujours pas rencontré d’avocat et aucune date de procès n’a été fixée à ce jour.

Il aura fallu cette arrestation pour que je prenne enfin conscience que nous ne sommes vraiment pas tous égaux en droit !

Pourtant, Trung n’a pas eu d’autres ambitions que d’aider son pays. Après son diplôme, il a décidé de rentrer au Vietnam, conscient des risques liés à son activité politique, mais avec la volonté inébranlable d’aider son pays à partir de ses compétences d’ingénieur et de ses convictions d’homme libre ! On pourrait considérer cette décision comme naïve ou inconsciente … Au contraire, cette décision reflète la personnalité de Trung, généreux, altruiste, réfléchi et surtout conscient de la chance d’avoir découvert à l’étranger au cours de ses 5 années à l’INSA des valeurs de liberté et de démocratie qu’il pouvait partager.

La communauté Insalienne s’est très rapidement mobilisée en apprenant cette nouvelle. Elle s’est organisée afin d’obtenir des appuis des représentants politique locaux, régionaux et nationaux mais également afin de sensibiliser l’opinion publique et d’obtenir la libération de notre collègue. Amnesty International et Reporters sans Frontière ont fermement condamné cette arrestation, tout comme Le Conseil Régional de Bretagne et la Mairie de Rennes, qui ont tous deux pris contact avec l’ambassadeur de la République Socialiste du Vietnam en France et avec Bernard Kouchner. La communauté internationale se positionne enfin à son tour. Je citerais par exemple le soutien du gouvernement du Canada qui a rencontré Trung en 2006, ou celui du Conseil de l’Europe où Trung a été reçu en 2006 également. Il n’y a pas seulement des Ingrid Betancourt, des Ang San Suu kyi … Trung a seulement 26 ans, il est aujourd’hui un symbole pour toute une nation, reconnu pour les idéaux qu’il défend.

Si j’ai choisi d’aborder ce sujet, c’est d’abord pour vous parler de Trung évidement. Il ne s’agit pas de politique, mais de solidarité.

C’est également parce que l’histoire de Trung s’inscrit dans celle de la cérémonie de remise des diplômes car elle illustre les valeurs et les spécificités du réseau INSA et de Rennes en particulier.

Pour citer Gaston Berger, le philosophe à l’origine du concept des INSA : « L'enseignement n'est pas utile seulement pour nous apprendre à faire, il est indispensable pour nous apprendre à être et d'abord pour nous donner le goût et l'amour de la liberté sans laquelle il n'y a point d'existence authentique ».

En effet, l’INSA, outre nous donner une excellente base technique, fait de nous des ingénieurs humanistes, ce qui se traduit à travers son enseignement, mais également à travers la richesse de sa vie associative. C’est-à-dire, permettre à chacun de nous de développer ces qualités parallèles qui différencient le bon ingénieur de l’ingénieur, qui en font un ingénieur créatif, sachant donner sens et valeur à son action, un ingénieur ouvert sur le monde, citoyen et élément moteur de la société.

Imprégné de ses 5 années à l’INSA de Rennes, Trung illustre tout ça à sa manière. L’INSA nous apprend le libre-arbitre, nous permet d’acquérir une liberté personnelle et professionnelle à travers ces valeurs humanistes.

Trung en est aujourd’hui privé. Il reste beaucoup à faire, mais à notre échelle, unis, nous pouvons contribuer à la lui rendre.

Le plus grave serait de l’oublier.

L’une des idées du comité à l’approche de Noël est de lui envoyer dans son lieu actuel de résidence, la prison d’Ho Chi Min Ville, non pas une, mais des centaines, voire un millier de cartes postales qui n’arriveront probablement pas à destination mais qui montreront à ceux qui les intercepteront que Trung n’est pas seul dans cette épreuve.

Si vous êtes intéressez pour agir dans ce sens, n’hésitez pas à vous faire connaitre auprès du comité de soutien, présidé par Philippe Echard. N’hésitez pas non plus à signer la pétition disponible dans la salle.

Pour conclure, chers collègues, Trung nous a montré que ce diplôme est un tremplin mais que nous choisissons la personne que nous souhaitons devenir. Soyez audacieux, soyez entrepreneur, ayant confiance en vous-même, en votre potentiel et en ce que vous pouvez accomplir ! Croyez en vos idéaux ! Et n’oubliez pas Trung.

1 commentaire:

  1. A young poet came to the magazine editorial office and said to the editor:
    - I'm sorry! I made a mistake and sent you the foodstuff bill instead of my poem.
    -I thought it was a poem in modernistic language and sent it to the printing house - replied the editor
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