samedi 19 novembre 2011

Déclaration de Jean-François Julliard, Secrétaire général de Reporters sans frontières, à l’occasion de l’intervention du comité pour la libération de

A l’occasion de la Semaine de la Solidarité internationale, et plus de deux ans après sa condamnation, nous souhaitons réaffirmer notre soutien à Nguyen Tien Trung et sa famille. Nous poursuivons nos efforts pour obtenir sa libération et nous continuons à défendre le droit à la liberté d’informer au Vietnam.

Le 2 septembre 2011, à l’occasion de la fête nationale vietnamienne, nous avons adressé un courrier au Premier ministre Nguyen Tan Dung. Le gouvernement avait alors annoncé l’amnistie de plus de 10 000 détenus. Nous avons également demandé la libération de tous les prisonniers de conscience, en attirant l’attention du Premier ministre sur le sort des trois journalistes et des dix-sept blogueurs toujours emprisonnés, dont Nguyen Tien Trung fait partie. A ce jour, cette lettre reste sans réponse.

La situation des droits de l’homme et de la liberté d’expression s’est dégradée dans le pays ces dernières années, et les vagues d’arrestations se poursuivent. Aujourd’hui, le Vietnam est la deuxième prison du monde pour les net-citoyens, après la Chine. La plupart d’entre eux sont inculpés, comme Nguyen Tien Trung, pour "subversion" ou "tentative de renversement du régime du peuple", en vertu de l’article 88 du Code pénal.

Pourtant, la Constitution vietnamienne garantit, dans plusieurs de ses dispositions, les droits de l’homme et la liberté d’expression. L’article 43, par exemple, donne aux citoyens le droit de prendre part aux affaires publiques et sociales, en débattant de problèmes locaux ou nationaux, et de faire des pétitions ou des recommandations aux organes de l’Etat et de participer aux référendums organisés par l’Etat. Que justifie alors la détention de Nguyen Tien Trung pour des écrits destinés au gouvernement, traitant de la politique d’éducation du pays et de prises de positions prodémocratiques ? L’article 69 garantit la liberté d’expression et la liberté de la presse. Les citoyens ont le droit d’être informés, ainsi que de se réunir en assemblée, en association ou de manifester, dans le respect de la loi. Pourquoi lui avoir reproché une éventuelle appartenance au Parti démocratique du Vietnam ? Enfin, l’article 71 protège l’intégrité physique, la vie privée, la santé, l’honneur et la dignité des citoyens. Nul ne peut être arrêté sans un mandat de la Cour populaire, ou un mandat de ou ratifié par l’Inspection populaire sauf dans le cas où il ou elle est pris en violation flagrante de la loi. Nguyen Tien Trung n’a fait que clamer son désir de voir de tels principes appliqués et respectés. Il a pourtant été accusé de "propagande contre l’Etat".

Peu de temps après le 66ème anniversaire de l’indépendance, en septembre 2011, nous avions accueilli avec satisfaction la libération de plus de 10 000 prisonniers. Aujourd’hui, nous prions urgemment les autorités vietnamiennes d’étendre cette amnistie à Nguyen Tien Trung, ainsi qu’à tous les prisonniers politiques.

Jean-François Julliard, Secrétaire général de Reporters sans frontières

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