lundi 30 novembre 2009

Discours de Romuald Gillard lors de la Cérémonie de Remise des Diplômes de l'INSA



Le 27 Novembre 2009, Romuald Gillard, ex-insalien et membre du comité pour la libération de NGUYEn Tien Trung, a fait un discours à l'INSA de Rennes lors de la Cérémonie de Remise des Diplômes de la 38ème promotion (Promotion 2009) pour évoquer Trung devant les nouveaux diplômés et leur famille.

On ne doit pas oublier M. le Directeur, Alain Jigorel, l'organisateur de la Cérémonie, Olivier Durand, ainsi que Philippe d'avoir permis de rendre cette idée réalisable.

C'était un résultat remarquable puisque 232 personnes ont signé la pétition au cours de la cérémonie.

Voici le texte:

jeudi 26 novembre 2009

Rassemblement pour Trung à Berlin

Quelques images du petit rassemblement à Berlin, pendant la célébration de la chute du mur de Berlin.

Lettre de Solène Morvan, une amie de Trung à l'Insa




Solène Morvan le 8 novembre 2009, à Rennes

Objet : Lettre de soutien à Nguyen Tien Trung


Bonjour Nam,

Je viens d’apprendre l’arrestation de ton frère, mon ami et ancien camarade de promotion Trung. Je suis choquée et en colère devant le triste spectacle que nous offre les autorités vietnamiennes. J’ai connu Trung par hasard, lors des affectations aléatoires des groupes de travaux pratiques lors de notre formation à l’INSA. Nous avons travaillé un an ensemble, j’ai découvert, un camarade curieux, courageux, brillant et très attachant. Je me souviens de son immense excitation de rentrer au Vietnam pour les vacances de Noel, pour revoir sa famille dont il était séparé depuis deux ans du fait de faire ses études en France. Il m’a beaucoup parlé de toi, car il était fier que tu fasses l’INSA comme lui.

La nouvelle de son arrestation et le motif m’ont profondément bouleversés, et ont fait naître en moi un sentiment de profonde injustice. Je n’ai jamais pensé que Trung, ne jouissait pas des mêmes libertés que moi, c’était évident puisque j’avais en face de moi un jeune homme si familier. Fallait-il que les autorités vietnamiennes l’arrêtent pour que je comprenne la réalité de son pays sur la liberté d’expression. Le simple fait d’être française me donne ce droit fondamental, celui d’exprimer mes opinions, j’avais presque oublié son sens avant que j’apprenne que ton frère s’est fait arrêter pour avoir voulu s’exprimer sur son pays.

C’est pourquoi je sors de mon silence, pour exprimer mon soutien à Trung mais aussi à sa famille et à ses proches. Je n’ose imaginer l’angoisse au quotidien. Je suis extrêmement fière et admirative de son engagement pacifique pour faire avancer la démocratie dans son pays. Il aurait pu immigrer dans un autre pays, et y vivre librement, son diplôme le lui permettait. Il a préférer rentrer, et apporter au Vietnam tous le savoir qu’il avait appris à l’étranger durant ces brillantes études. Je ne peux que comprendre, qu’il ait envie de voir le Vietnam s’émanciper de la chine et devenir une démocratie. Je partage son rêve, et comme un certain nombre de ses camarades de promotion, tant que Trung sera en prison et privé de ses droits, je le serai aussi.

En attente de ta libération,

Solène Morvan

samedi 14 novembre 2009

Nguyen Tien Trung – un homme libre en prison


Cela doit faire drôle pour un ingénieur de la promotion 2007 de l’INSA de Rennes de penser que celui que l’on a côtoyé pendant 5 ans – si on l’a connu dès son arrivée dans la Filière Internationale – ou pendant 3 ans – si on l’a connu lorsqu’il était dans le département INFO – est en prison.

Cela doit faire drôle pour un étudiant qui est aujourd’hui à l’INSA et qui prend le temps d’y penser un peu de se dire que quelqu’un d’à peine plus vieux que lui et qui a suivi les mêmes cours, a eu les mêmes enseignants, a logé dans les mêmes résidences, loge aujourd’hui en prison.
Et je peux dire que cela fait tout drôle quand on est enseignant d’imaginer que l’étudiant que l’on a eu en cours, avec lequel on a eu quelques discussions et sûrement une attention particulière parce qu’il est étranger, qu’il vient d’une autre culture est aujourd’hui en prison, à l’autre bout du monde, dans son propre pays, et sous le coup d’accusations graves .
Et pourquoi est-il en prison depuis 4 mois ? Pour s’être exprimé librement. Pour avoir critiqué l’enseignement universitaire du Vietnam . Pour avoir appelé, comme de nombreux autres intellectuels de son pays, à plus de libertés, à plus de démocratie.

Pour avoir finalement exercé le droit à une parole libre, ce qu’il a pu apprendre ici en France et dans le cadre de sa formation. Car c’est bien ce que nous apprenons aussi aux futurs ingénieurs : à être des citoyens responsables, maîtrisant les ressources de la communication orale et écrite et assumant la liberté de s’exprimer.

L’Histoire ne se répète pas ; mais parfois elle bafouille. Même si le contexte est tout autre, je ne peux m’empêcher de songer à tous les jeunes africains, à tous les jeunes « indochinois » et « annamites » , à tous les jeunes indiens (de Pondichéry et autres comptoirs) méritants à qui la France, généreuse et magnanime, permettait, avec des bourses, de venir étudier. Avec l’espoir évidemment que cet « investissement » serait payé de retour : on formait ainsi de bons fonctionnaires coloniaux indigènes (que l’on payait moins, bien sûr, que les fonctionnaires coloniaux français !). Mais que croyez-vous qu’il advint ? Certains de ces « indigènes » se rendaient compte qu’au pays des Droits de l’Homme et de la Liberté, certains étaient « plus égaux que d’autres » et que ces grandes idées ne s’appliquaient pas aux terres colonisées. Parmi ceux-ci, il y eût pas mal de ceux qui devinrent les artisans dans leurs pays de la décolonisation.
Parmi ceux-ci, il y avait un certain Ho Chi Minh, le père du parti Communiste Vietnamien et de la République Démocratique du Vietnam. De 1914 à 1919, il était à Londres, puis de 1919 à 1923, à Paris. Il ne bénéficia pas de bourse mais il était parti, selon ses propres paroles avec un projet : « aller étudier à l’étranger et revenir aider le pays ».

Trung n’a pas eu d’autre ambition. Une fois son diplôme en poche, et malgré son activité politique et les risques qu’il prenait en revenant dans son pays, il est quand même rentré. Car animé par le désir profond d’aider son pays, à la fois de ses compétences d’ingénieur et de ses convictions d’homme libre, il a souhaité pouvoir œuvrer sur place. On peut juger que c’est un peu inconscient car il ne fallait pas être devin pour savoir qu’il serait mis en prison à la première occasion. On peut plutôt comprendre que c’est à la fois très courageux et très réfléchi. Trung était parti pour étudier à l’étranger et revenir aider son pays. En chemin, il a découvert que l’on pouvait vivre plus librement que sous le régime communiste. Mais cette découverte n’a pas changé la nature de son projet ; au contraire, elle l’a enrichi et l’a renforcé.

Trung est maintenant un dissident politique emprisonné. Il n’est pas le seul au Vietnam.

Trung est maintenant un dissident politique emprisonné. C’est drôle comment ces mots résonnent curieusement en cette période de célébration de la chute du Mur de Berlin et d’effondrement du bloc communiste européen ; ça semble anachronique.

C’est drôle aussi de penser qu’au Vietnam – un pays de visages souriants et de décors magnifiques (ah ! la baie d’Along ! Ah ! le delta du Mékong), un pays de tourisme florissant – il y ait aussi cette réalité-là : c’est-à-dire un pays qui, nous le rappelle REPORTERS SANS FRONTIERES , occupe la 166ème place sur 175 au classement mondial de la liberté de la presse en 2009.

Mais ce n’est pas une plaisanterie : Trung est bien en prison. Dans des conditions dures. Aucune visite. Ni sa famille. Ni son avocat. Et l’on craint qu’au moment du procès le jugement soit très sévère. Pour faire un exemple. Pour faire passer à tous les jeunes vietnamiens qui sont venus étudier à l’étranger le goût de la liberté. Pour faire oublier l’Histoire. Pour faire oublier Trung.

Le pire qui puisse arriver à Trung, c’est qu’on l’oublie petit à petit. Que les étudiants de l’INSA, que les enseignants et personnels de l’INSA petit à petit l’oublient. Que les responsables politiques n’agissent plus en sa faveur.

Faites en sorte de ne pas oublier Trung. Consultez régulièrement le site de son Comité de soutien. Participez aux actions proposées. Proposez vous mêmes des idées. En exprimant cette liberté d’expression qui manque aujourd’hui à Trung.


Philippe Echard
Professeur de Culture & Communication à l’INSA de Rennes
Président du Comité pour la libération de Nguyễn Tiến Trung

vendredi 6 novembre 2009

Conférence de presse à l'INSA de Rennes : la vidéo

Vidéo en deux parties de la conférence de presse du 22 octobre 2009 à l'INSA de Rennes en faveur de Trung :

(version française sous-titrée vietnamien)

Partie 1



Partie 2

Trung dans l'Express

L'Express parle de Nguyễn Tiến Trung dans son édition d'aujourd'hui.


Voir l'article en ligne : Hanoi punit un cyberdissident